L’Été
Extrait The Four Seasons, Concerto No. 2 In G Minor Summer_ II. Adagio-Jacques Loussier Trio
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Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.
Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.
Théodore de Banville (1823-1891)
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Extraits du recueil « AXE LE VENT »
Juan Hernandez Ramirez
Ed Igneus
Silence
Quand le vent s’arrête
Les feuilles ne chantent plus
.
Les blés ne dansent plus
Les nuages ne dorment plus
Et quand le vent se tait
Dansent les papillons
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UN TOUT PETIT CADEAU
En ces temps de disette, pour votre Anniversaire
Ces chiffons vous plairont …
Même s’ils n’en ont pas l’air
Depuis des décennies, ils s’usent à trop servir,
En papier, par dizaines, dans nos poches,
Ils se serrent.
On les perd, on les jette, de rage, on les déchire…
Dans une fébrile ardeur, on va même les mordre,
Si tel est le plaisir.
Je parle de ce tissu carré qu’on appelle « mouchoir » !
Une belle pour qu’on le lui rende,
S’empresse de le faire choir …
On y fait même un nœud, quand la mémoire chavire.
En toutes circonstances, il est là pour agir.
On dit même « qu’un jardin est grand
Comme un mouchoir » !
Il est si nécessaire qu’on peut à peine y croire.
Il sert de garrot, d’essuie-tout, de chasse-mouche,
D’indic, de traquenard et puis de faire valoir.
Il éponge la sueur quand le travail est lourd,
Fidèle compagnon de tous les mauvais jours.
On l’agite en Adieu sur le quai d’une gare,
On l’étreint, fatigué, devant l’amour qui part …
Des nez comme Cyrano ont dû s’y épancher…
Mais, de grâce, de vos larmes, qu’il n’ait pas à sécher.
Jaqueline BRISTOLE(poésiestraverses)
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Temps de saison
Aux jours d été sur son grand reposoir
Dame nature se consume jusqu’au soir
L air douillet du matin comme un couffin
enveloppe les corps dans son bain
la lumière chaude inonde l espace
Et d une douce langueur nous délasse
Le brulant midi pose son silence incandescent
Les couleurs s’évaporent dans un blanc vibrant
Alors la vie assoupie attend le frais du soir
Du soleil un écarlate et brillant au revoir
D une nuit bleue son grand reposoir
PH P (poésiestraverses)
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Dans la chaleur de l’après-midi, craquante, coupante,
la guitare se dessinait en de longs doigts étroits
et une mâchoire à mordre de plaisir.
La nuit progressait dans un ciel vaincu.
Un bouquet d’oiseaux jetait ses ultimes feux
avant de se refermer sur le silence.
Tout s’apaisait,
y compris la destinée.
Le jardin n’était plus d’oranges mais d’iris
quand les pois de senteur ponctuaient une terre désordonnée.
La rose somnolente,
la glycine digérait son pourpre sur le mur fendillé.
Les cerises rouges à craquer avaient un goût brûlant
tandis que la prune encore verte déjà nous tentait.
Sur la terrasse d’argent, le ciel fou inscrivait des lettres
sans raison, sans destinataire.
La branche s’y hasardant enfantait de rares fruits parmi les plus beaux.
En haut le soleil est démon ;
il n’est dieu qu’en bas,
sous le ventre vert sombre des feuillages.
Paule Domenech
extrait du recueil Poésiestraverses 2017