Lectures du mois

L’Été

Extrait The Four Seasons, Concerto No. 2 In G Minor Summer_ II. Adagio-Jacques Loussier Trio

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.

Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.

Théodore de Banville (1823-1891)

_________________

Extraits du recueil « AXE LE VENT  »

Juan Hernandez Ramirez

Ed Igneus

Silence

Quand le vent s’arrête

Les feuilles ne chantent plus

.

Les blés ne dansent plus

Les nuages ne dorment plus

Et quand le vent se tait

Dansent les papillons

__________________

UN  TOUT  PETIT  CADEAU

En ces temps de disette, pour votre Anniversaire

Ces chiffons vous plairont …

Même s’ils n’en ont pas l’air

Depuis des décennies, ils s’usent à trop servir,

En papier, par dizaines, dans nos poches,

Ils se serrent.

On les perd, on les jette, de rage, on les déchire…

Dans une fébrile ardeur, on va même les mordre,

Si tel est le plaisir.

Je parle de ce tissu carré qu’on appelle « mouchoir » !

Une belle pour qu’on le lui rende,

S’empresse de le faire choir …

On y fait même un nœud, quand la mémoire chavire.

En toutes circonstances, il est là pour agir.

On dit même « qu’un jardin est grand

Comme un mouchoir » !

Il est si nécessaire qu’on peut à peine y croire.

Il sert de garrot, d’essuie-tout, de chasse-mouche,

D’indic, de traquenard et puis de faire valoir.

Il éponge la sueur quand le travail est lourd,

Fidèle compagnon de tous les mauvais jours.

On l’agite en Adieu sur le quai d’une gare,

On l’étreint, fatigué, devant l’amour qui part …

Des nez comme Cyrano ont dû s’y épancher…

Mais, de grâce, de vos larmes, qu’il n’ait pas à sécher. 

Jaqueline BRISTOLE(poésiestraverses)

______________________

Temps de saison

Aux jours  d été sur son grand reposoir

Dame nature se consume jusqu’au soir

L air douillet du matin comme un couffin

enveloppe les corps dans son bain

la lumière chaude inonde  l espace

Et d une douce langueur nous délasse

Le brulant midi pose son silence incandescent

Les couleurs  s’évaporent dans un blanc vibrant

Alors la vie assoupie attend le frais du soir

Du soleil un écarlate et brillant  au revoir

D une nuit bleue son grand reposoir

PH P (poésiestraverses)

______________________

Dans la chaleur de l’après-midi, craquante, coupante,


la guitare se dessinait en de longs doigts étroits

et une mâchoire à mordre de plaisir.

La nuit progressait dans un ciel vaincu.

Un bouquet d’oiseaux jetait ses ultimes feux

avant de se refermer sur le silence.

Tout s’apaisait,

y compris la destinée.

Le jardin n’était plus d’oranges mais d’iris

quand les pois de senteur ponctuaient une terre désordonnée.

La rose somnolente,

la glycine digérait son pourpre sur le mur fendillé.

Les cerises rouges à craquer avaient un goût brûlant

tandis que la prune encore verte déjà nous tentait.

Sur la terrasse d’argent, le ciel fou inscrivait des lettres

sans raison, sans destinataire.

La branche s’y hasardant enfantait de rares fruits parmi les plus beaux.

En haut le soleil est démon ;

il n’est dieu qu’en bas,

sous le ventre vert sombre des feuillages.

Paule Domenech

extrait du recueil Poésiestraverses 2017